mercredi 24 mai 2017

Les perles étonnantes de Sandrine Goeyvaerts


Ça y est : la caviste-blogueuse belge a encore frappé. Après Jamais en carafe dont j'avais parlé ICI, voici les Perles d'une caviste. Il est peut-être encore un peu tôt pour dire que c'est l'album de la maturité, mais je trouve ce livre encore plus réjouissant que le premier. 


Le principe est simple : elle part de 50 phrases qu'ont entendues tous les cavistes de France et de Belgique (et même de Suisse, hein). En voici quelques unes 

"Le vin de France, c'est de la piquette. Vous en vendez à 20 euros ? C'est du vol !"

"Je voudrais un vin sans sulfites, ni pesticides, ni gluten et sans trop d'alcool."

"C'est pour un connaisseur : il prend des cours d'œnologie. Depuis deux mois."

"Je ne veux aucun vin au-dessus de 12 °. Ça tape vraiment beaucoup trop".

"Les pays d'Oc, tout le monde le sait, c'est magouille et compagnie."

"Les vins de Savoie, c'est juste bon pour boire avec la raclette."

"Il faut un vin doux, mais pas calorique, c'est pour des femmes."

Etc.

Et Sandrine répond à cette sentence avec beaucoup de pédagogie, de pertinence, et souvent d'humour, démontrant sans humilier que le client fait fausse route. Au passage, elle donne une quantité d'information assez impressionnante. Une fois que vous aurez tout assimilé ce qu'il y a dans ce livre, on pourra dire que vous êtes un amateur vraiment averti (vous en vaudrez donc deux).


Bon, ce que je viens de vous décrire, c'est la page de gauche. Sur celle de droite, il y a une cuvée d'un producteur (français dans 48 cas sur 50). Sans le millésime, car cela daterait le livre un peu trop rapidement, et frustrerait celui qui ne trouverait que 2015 alors que c'est le 2014 qui est vanté. Mais comme ce sont des producteurs réguliers, y a pas trop de souci. La description du vin est donc plutôt générale. Disons que ça donne une idée du style. C'est autant le vigneron (ou la vigneronne) qui est mis en avant. 

Sandrine m'a avoué ne pas l'avoir fait exprès, mais sur les 50 bouteilles conseillées, 20 sont disponibles à Vins étonnants (pas moins de 40 %, donc !).Quelque part, ce n'est pas vraiment "étonnant" : elle a privilégié les bons vins (essentiellement) bio de qualité à prix abordable. C'est pile-poil notre créneau (ou credo ? Les deux...).



À cela s'ajoute un lexique des plus savoureux tout en étant pertinent: même si vous connaissez leur définition "classique", vous prendrez beaucoup de plaisir à lire celles de Sandrine. Exemples choisis :

Charpenté : puissant, solide. "Ce Saint-Joseph est correctement charpenté, normal pour un menuisier."

Complexe : qui a beaucoup d'arômes différents, qui évolue quand on le goûte. Les sommeliers adorent placer le terme "complexe" quand ils ont une panne d'inspiration.

Dentelle : vin d'une grande finesse. Si l'on ajoute qu'elle vient de Bruges ou de Calais, on gagne des points. Et si l'on y adjoint Montmirail, on épate les géographes.

Glouglou : qui se savoure sans réfléchir, on parle alors de "buvabilité". Le glougloutage, ou glougoutement, est l'action qui en découle. Plus hipster et fashion que "gouleyant" qu'il a supplanté.

Typicité : caractère d'un vin. La typicité peut s'appliquer au cépage ou à l'appellation. Si on ne sait pas quoi dire, on peut toujours l'employer, dans le doute.

Enfin, voilà : 126 pages de p'tit bonheur que l'on n'est pas obligé de lire d'une traite. Au contraire, l'idée est plutôt de picorer ici et là. Un coup, c'est la "perle du client" qui vous attire. Une autre fois, c'est la quille. Ou le petit encadré en bas à droite, au titre parfois"limite"...  mais toujours instructif. tout ça pour le prix d'une bouteille abordable (12.90 €). Pourquoi se priver ?

Cadeau bonus !






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